jeudi 2 avril 2015

 

La mort d'Ophélie

 
Theodor von der Beek 1907


W. Shakespeare, Hamlet, IV, 7, 1600 env.
La reine Un malheur vient sur les talons de l’autre
Tant ils se suivent de près. Votre sœur est noyée, Laërte.

LaërteNoyée ? Où s’est-elle noyée?


La reineAu-dessus du ruisseau penche un saule, il reflète
dans la vitre des eaux ses feuilles d’argent
Et elle les tressait en d’étranges guirlandes
Avec l’ortie, avec le bouton d’or,
Avec la marguerite et la longue fleur pourpre
Que les hardis bergers nomment d’un nom obscène
Mais que la chaste vierge appelle doigt des morts.
Oh, voulut-elle alors aux branches qui pendaient
Grimper pour attacher sa couronne florale ?
Un des rameaux, perfide, se rompit
Et elle et ses trophées agrestes sont tombés
Dans le ruisseau en pleurs. Sa robe s’étendit
Et telle une sirène un moment la soutint,
Tandis qu’elle chantait des bribes de vieux airs,
Comme insensible à sa détresse
Ou comme un être fait pour cette vie de l’eau.
Mais que pouvait durer ce moment ? Alourdis
Par ce qu’ils avaient bu, ses vêtements
Prirent au chant mélodieux l’infortunée,
Ils l’ont donnée à sa fangeuse mort.

Laërte
 
Hélas, elle est noyée?

La reine

Noyée, noyée.
 
Paul Delaroche



 



            

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